Né en 1950 à Saint-Claude dans le Jura, Alex Barbier suit des études d’art avant de devenir lui-même professeur de dessin – une expérience de courte durée car il sera renvoyé de l’éducation national sur le motif d’une « attitude subversive ». Dès sa jeunesse, Barbier est un garçon « sauvage » et cela transparait dans sa pratique : couleurs directes, narration éclatée et thématiques subversives. C’est dans Charlie Mensuel, en 1974, que sont publiées ses premières bandes dessinées. Gébé et Wolinski sont séduits par son univers halluciné et ses audaces formelles. Avec Lycaons et Le Dieu du 12, il propose une picturalité et une narration inédites pour le médium de la bande dessinée. Ses encres se fondent offrant une palette toute en volutes brumeuses ou, au contraire, aux teintes tranchantes. On peut y percevoir l’influence de Francis Bacon, Soutine, Edward Hopper ou Lucian Freud. Côté narration, il s’inscrit dans une contre-culture psychotropique, celle de la jeunesse hallucinée d’un William Burroughs ou d’un Céline. Quand la réalité semble concorder avec l’univers sulfureux et accidenté de Barbier : en 1985, un inconnu arrive dans le village où réside Alex Barbier, demande des allumettes au café et met le feu à l’atelier de l’artiste. La majorité des planches de l’artiste disparaît dans l’incendie.
Entre 1982 et 1994, Alex Barbier se consacre à la peinture mais reviendra très vite à la bande dessinée avec Les Paysages de la nuit et Comme un poulet sans tête. En 1994, la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image lui consacre une exposition accompagnée d’un reportage, Les Paysages de la nuit, réalisé par Jean-Pierre Delvalle et scénarisé par Thierry Groensteen. Alex Barbier y présente son village, Fillols, situé près de Perpignan et qui tient lieu de décor de plusieurs de ses bandes dessinées. C’est dans ce village qu’Alex Barbier créé, avec sa compagne Aline le Festival Plouc de Fillols puis Oué Bazar, rassemblant la scène alternative de l’édition francophone et notamment les éditions Frémok et Thierry Vanhasselt avec qui il collabore sur le long terme. L’événement, à l’image de l’art de Barbier, est une fête chaotique, truculente et populaire.En 2014, il signe, avec Dernière bande, ses adieux à la bande dessinée. Une exposition lui est consacrée au Festival d’Angoulême l’année suivante.
Alex Barbier décède le 29 janvier 2019 dans son appartement de Saint-Claude, dans le Jura.